Des bâtiments couverts de plantes apparaissent partout dans le monde... Bientôt, une première ville-forêt sera terminée à Lizhou, en Chine. Le concept de biophilie est devenu populaire parmi les architectes qui veulent lutter contre la pollution de l'air. Les concepteurs intègrent des plantes aux murs, aux bâtiments et même drapent des villes entières dans la verdure. Cette pratique permet d'éliminer la moitié des pires polluants atmosphériques de certaines villes, ce qui améliore la qualité de l'air. De plus, la vie végétale contribue à refroidir les villes, ce qui est intéressant au vu du changement climatique.
Les super-arbres de Singapour, les sphères d'Amazon et les forêts tropicales intérieures ne sont que quelques exemples de la collaboration entre architectes et botanistes. Patrick Blanc et Stefano Boeri sont deux acteurs de l'industrie qui dirigent ce mouvement avec un design radical et une passion pour l'environnement naturel — et ils modifient le paysage urbain tel que nous le connaissons.
Des architectes comme l'Italien Stefano Boeri font passer l'architecture à un niveau supérieur en créant des villes-forêts. Lizhou, en Chine, est la première ville de ce type. Réalisée par Boeri, elle devrait être achevée en 2020.

La ville sera entièrement constituée de forêts verticales, c'est-à-dire de bâtiments couverts de plantes. 'J'ai ressenti l'urgence de concevoir des bâtiments et d'imaginer des villes qui répondent aux problèmes urgents contemporains, tels que les effets du changement climatique, la pollution, la durabilité énergétique et alimentaire", explique Stefano Boeri.

Et cela se reflète dans le résultat final. 'Les villes-forêts sont intelligentes, énergétiquement durables et autosuffisantes du point de vue de l'agriculture et de l'approvisionnement alimentaire', précise Stefano Boeri.

L'équipe de Stefano Boeri travaille avec la botaniste Laura Gatti pour analyser le climat du site. Ils choisissent les arbres et les plantes qui peuvent pousser facilement dans cet environnement afin de concevoir un écosystème qui puisse se maintenir de manière aussi indépendante que possible.

Stefano Boeri a également des vues sur d'autres villes. Actuellement, son équipe travaille sur différents projets de villes au Moyen-Orient, en Chine et en Amérique du Sud.

Un jour, nous ne pourrons peut-être plus repérer les villes sur Google Earth : tout sera vert.

C'est du moins l'objectif d'architectes comme Margaret Montgomery. Elle est directrice de la durabilité à NBBJ, le cabinet d'architecture qui a construit les Spheres d'Amazon.

Situées à Seattle, aux États-Unis, les Spheres font parties du campus d'Amazon.

Elles sont conçues pour abriter jusqu'à 800 employés d'Amazon dans dans un environnement de travail idéal.

Travailler dans des bureaux avec des plantes augmente la productivité de 15 %.

Source: Business Insider
Les Spheres abritent plus de 40 000 plantes de 400 espèces.

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Les espèces de plantes pour ce projet ont été choisies en pensant aux humains. Les plantes tropicales se développent dans les mêmes conditions climatiques que celles qui conviennent aux humains.

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Les conditions de cet écosystème sont appelées 'forêts de nuages' car les plantes à haute altitude tirent leur humidité directement des nuages.

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Des projets comme les Spheres sont qualifiés de 'biophiles' car ils sont conçus pour intégrer la nature dans les espaces créés par l'homme.

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Une autre forêt intérieur existe à Singapour, en Asie. Elle est appelée Cloud Forest.

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Mais cet endroit n'est pas fait pour y travailler. Cloud Forest et Flower Dome sont des expositions jumelles qui permettent aux visiteurs de découvrir la diversité de la vie végétale en dehors de Singapour.

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Le Flower Dome abrite de nombreuses espèces de plantes en voie de disparition, provenant de régions du monde entier.

La Cloud Forest a une montagne intérieure pleine de vie...

... avec la plus grande chute d'eau intérieure du monde.

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Le Flower Dome et la Cloud Forest ont été conçus par WilkinsonEyre et font partie d'un plus grand parc appelé Gardens by the Bay. Le parc comprend également des 'super-arbres'.

Source: WilkinsonEyre
Ces 'arbres' artificiels sont remplis de 62 900 plantes de 200 espèces différentes et de lampes solaires qui changent de couleur pendant la nuit.

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Le but est que la vie végétale prenne le dessus sur le cadre artificiel, laissant ces 'super-arbres' verts et luxuriants paraître entièrement naturels.

Source: Business Insider
Gardens by the Bay a été créé à des fins récréatives...

... mais d'autres exemples d'architecture biophile sont intégrés à la vie courante.

L'architecte Stefano Boeri a conçu le 'Bosco Verticale', des bâtiments-forêts verticaux à Milan. Ces tours sont résidentielles.

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Les gratte-ciels sont couverts de plus de 700 arbres et 90 espèces de plantes. Les plantes sont choisies stratégiquement, et pas seulement à Milan.

Margaret Montgomery, de la NBBJ, explique que toutes les plantes 'doivent être locales ou s'adapter aux conditions locales'.

Les plantes doivent s'adapter aux conditions climatiques de la région et à la faible profondeur du sol, en particulier sur les toits ou les murs verts, explique Margaret Montgomery.

Les gens s'interrogent souvent sur les fuites des toits 'verts'. Mais selon Margaret Mongomery, c'est peu probable.

Les plantes à l'extérieur du bâtiment contribuent à réduire la pollution de l'air et à réguler la température intérieure.

L'architecture biophile peut réduire de moitié la quantité de certains polluants atmosphériques, selon une étude d'ACS Publications.

Source: ACS Publications
Les arbres aident à rafraîchir les villes en empêchant le soleil de rayonner sur le sol.

L'eau s'évapore des feuilles lorsque les rayons du soleil les atteignent, un peu comme la sueur qui refroidit les gens.

Source: The Conversation
Les bâtiments peuvent aussi être écologiques à l'intérieur. L'intérieur du 'Bosco Verticale' est doté d'un système d'irrigation complexe qui récupère l'eau...

...et la renvoie aux plantes à l'extérieur.

Cela permet de réduire de 50 % les gaz à effet de serre que produisent les bâtiments certifiés LEED.

Source: US Green Building Council, Archi Objects
Stefano Boeri a expliqué à Business Insider US que, quelque temps après la construction, différentes espèces d'oiseaux qui avaient quitté la ville depuis longtemps ont commencé à la réinvestir.

Avec la forêt verticale, les oiseaux ont trouvé un environnement propice à la nidification.

Selon Margaret Montgomery, c'est à ce moment-là qu'on sait que l'on a fait du bon travail. L'objectif est de créer un espace de vie cohérent pour les personnes et les animaux.

Margaret Montgomery a déclaré à Business Insider US que les régions les moins riches ont tendance à avoir 'moins de nature, donc une moins bonne santé, et plus de stress'.

Source: Scientific American, NPR, The Guardian
C'est pourquoi elle estime que la biophilie devrait être utilisée pour combler le fossé entre 'les nantis et les démunis'.

Et Stefano Boeri avait bien senti cette tendance architecturale naissante.

Après la création de 'Bosco Verticale', de nombreux autres projets de reforestation ont vu le jour dans le monde entier.

Source: The New York Times
Le Français Patrick Blanc est un autre grand acteur du secteur, bien qu'il soit botaniste et non architecte.

Source: South China Morning Post
Il est connu comme l'inventeur moderne du mur végétal. 'Quand j'ai commencé il y a 40 ans, j'étais le seul au monde', a-t-il déclaré dans le South China Morning Post.

Source: South China Morning Post
'Jusqu'à il y a 15 ans, j'étais encore le seul. Maintenant, tout le monde crée des murs vivants et des jardins verticaux.'

Source: South China Morning Post
Les forêts verticales de Patrick Blanc sont très différentes de celles de Stefano Boeri. Plutôt que de créer des balcons pour les plantes, il les plante littéralement dans les murs.

Source: South China Morning Post
Patrick Blanc a conçu un système complexe de murs végétaux qui soutiennent le jardin et arrosent même les plantes.

Source: Inexhibit
Interrogé sur ses espoirs pour l'avenir de l'architecture biophile, la réponse de Stefano Boeri était conforme à celle de Margaret Montgomery, avec un accent mis sur la politique.

'J'espère que nous pourrons investir de plus en plus dans la recherche et que les gouvernements seront plus sensibles à la nécessité de politiques qui favorisent et soutiennent ce type d'architecture', a-t-il déclaré.

Version originale : Joey Hadden and Rachel Askinasi/ Business Insider