La probabilité que le Royaume-Uni quitte l'Union européenne sans un accord encadrant sa sortie s'est amplifié depuis la mi-janvier et le rejet du projet en cours par le Parlement britannique. La Première ministre britannique Theresa May peine à trouver un consensus alors que le Brexit doit entrer en vigueur dans un mois et demi, le 29 mars prochain.
Parmi toutes les implications d'un Brexit dur, les exportations des autres pays membres de l'UE vers le Royaume-Uni seront alors soumises à des droits de douane, ce qui devrait entraîner des problèmes d'organisation aux frontières entre l'UE et le Royaume-Uni et certainement une diminution de la demande de produits de l'UE en raison de la hausse de leurs prix liés aux droits de douane.
Deux membres de l'Institut allemand Halle pour la recherche économique, Hans-Ulrich Brautzsch et Oliver Holtemöller, ont calculé l'impact du Brexit sur l'emploi des grands pays partenaires du Royaume-Uni. S'aidant des données de la base WIOD (World Input Output Database), ils ont chiffré la perte d'emploi qu'entraînerait la baisse des importations britanniques de biens et de services dans ces pays.
Les données utilisées couvrent 43 pays et 56 secteurs industriels et se rapportent à l'année 2014, précise le rapport publié le 11 février 2019.
Pour aboutir à leurs résultats, les auteurs ont supposé "que les importations en provenance de l'Union européenne (UE) vers le Royaume-Uni diminueront de 25 % après une période de transition de Brexit dur". Mais assurent-ils, si finalement "la baisse de la demande britannique se limite à 10% au lieu de 25% alors nos estimations sur l'emploi doivent être divisées par 2,5".
Au total, 612 000 emplois risquent d'être supprimés dans les 43 pays étudiés. En valeur absolue, les pays ayant des liens étroits avec le Royaume-Uni risquent de perdre des dizaines de milliers d'emplois. Certains pays, plus petits, ne perdront que quelques milliers d'emplois, mais l'effet relatif sur leur marché du travail s'annonce logiquement plus important. Malte arrive ainsi en tête perdant 1,7% de ses emplois, suivi de l'Irlande -1%. La Belgique, la République Tchèque, les Pays-Bas, la Pologne et la Slovénie, vont également subir un certain effet relatif avec un recul de 0,3% environ.
La Chine — pourtant pas affectée par le rétablissement des tarifs douaniers en l'UE et le Royaume-Uni — devrait quant à elle perdre 59 000 emplois. Le pays serait affecté par ricochet via ses entreprises qui fournissent d'autres sociétés exportant vers le Royaume-Uni.
Voici les 25 pays qui risquent de perdre le plus d'emplois si la demande intérieure britannique de biens et services chute de 25% suite à un "hard Brexit", le nombre d'emplois concernés et leur part dans le marché du travail local, selon les calculs de l'Institut Halle :
25. Bulgarie — 5100 emplois (0,14%)

24. Autriche — 5900 emplois (0,14%)

23. Danemark — 6300 emplois (0,23%)

22. Slovaquie — 7200 emplois (0,32%)

21. Suède — 7300 emplois (0,15%)

20. Turquie — 7900 emplois (0,02%)

19. Portugal — 9200 emplois (0,20%)

18. Hongrie —9700 emplois (0,23%)

17. Brésil — 9800 emplois (0,01%)

16. Fédération de Russie — 12,2 emplois (0,02%)

15. Indonésie — 12 300 emplois (0,01%)

14. Royaume-Uni — 12 300 emplois (0,04%), en lien avec les importations de biens et services

13. Roumanie — 14 300 emplois (0,16%)

12. République tchèque — 15 600 emplois (0,31%)

11. Etats-Unis — 15 900 emplois (0,01%)

10. Belgique — 16 200 emplois (0,36%)

9. Irlande — 19 800 emplois (1,03%)

8. Pays-Bas — 25 200 emplois (0,29%)

7. Espagne — 31 100 emplois (0,17%)

6. Inde — 33 300 emplois (0,01%)

5. Italie — 46 200 emplois (0,19%)

4. Pologne — 46 500 emplois (0,30%)

3. France — 49 800 emplois (0,18%)

2. Chine — 58 800 emplois (0,01%)

1. Allemagne — 102 900 emplois (0,24%)
